L'auteur Sandrine Desse, dans son roman, L'histoire proscrite, propose une théorie assez intéressante à ce sujet:<br />
"...Ebloui, Cyril caressa respectueusement la pierre du<br />
Sphinx. Tout à son bonheur, il en oublia les hommes<br />
armés qui les escortaient. Alexis le couvait d’un regard<br />
souriant. Dominique, en sueur, peinait à les suivre. Son âge<br />
et son poids ne s’accommodaient pas à cette torride<br />
chaleur.<br />
« – Je suis en train de crever d’avoir fait trois pas et tu<br />
voudrais me faire croire que ce sont des humains qui ont<br />
construit ça ? Si c’était le cas, il y aurait plus de squelettes<br />
que de grains de sable, ici ! Alexis lui tapota doucement le<br />
ventre du bout de son index.<br />
– Cher ami, je pense que le principal secret réside dans<br />
une nourriture moins riche…<br />
– Ils étaient sensés porter bien plus sur leur dos que<br />
moi sur le ventre… Bon Dieu, je suis en train de cuire !<br />
Cyril lui lança un regard incrédule, puis son visage<br />
s’illumina.<br />
– Si ça a l’air impossible, c’est qu’ils ne l’ont pas fait.<br />
L’explication la plus logique est toujours la plus proche de<br />
la vérité. Les théories les plus folles circulent pour<br />
expliquer le mode de construction de ces monuments. Une<br />
des théories qui fâchent le plus les égyptologues est celle de<br />
la pierre réagglomérée à partir de calcaire désagrégé émise<br />
par Joseph Davidovits en 1978. Et pourtant, les dernières<br />
recherches scientifiques tendent à lui donner raison,<br />
d’autant plus que le calcaire argileux est naturellement <br />
présent sur les lieux de la construction. Sa théorie visait à<br />
trouver une réponse pratique aux difficultés liées au<br />
transport, au levage ou à l’ajustement très serré des blocs,<br />
ainsi qu’à d’autres questions réputées insolubles comme la<br />
fabrication des statues et des vases de pierre dure aux<br />
formes fines et à l’aspect de surface soigné qui semblent<br />
impossibles à réaliser par des méthodes de taille, surtout à<br />
une époque où l’outillage était essentiellement de pierre et<br />
de cuivre. Joël Bertho va dans ce sens en affirmant que<br />
d’importants blocs de pierres concaves et convexes<br />
s’assemblent parfaitement au millimètre près ce qui est<br />
impossible à faire en taillant les pierres. Avec une<br />
extraordinaire mauvaise foi, Jean-Claude Golvin a retoqué<br />
ces théories en répondant que la provenance de toutes les<br />
sortes de pierres constituant les pyramides est parfaitement<br />
connue, les pierres des assises étant en calcaire silicieux<br />
provenant de Gizeh même où les carrières sont encore<br />
visibles, le parement venant de Tourah et le granite des<br />
chambres funéraires étant issu des carrières d’Assouan. Il<br />
ajoute en conclusion qu’il ne voit pas pourquoi les<br />
Egyptiens se seraient compliqué la tâche en fabriquant de<br />
la pierre alors qu’ils en avaient à revendre. On pourrait lui<br />
répondre en lui disant qu’ils l’ont fait pour les mêmes<br />
raisons que nous préférons utiliser aujourd’hui le béton<br />
pour nos constructions. Ça facilite la manutention, et ça<br />
améliore l’étanchéité et la solidité de la structure. Mais si je<br />
crois que Davidovits a raison sur le principe, je crois qu’il<br />
se trompe sur la méthode. Il est compliqué de trouver de<br />
l’eau dans le désert, or c’est un élément essentiel pour<br />
agglomérer la poudre de calcaire et un liant quelconque.<br />
Par contre, le soleil est généreux… Avez-vous entendu<br />
parler du four solaire d’Odeillo ? Grâce à lui, on peut <br />
obtenir en quelques secondes des températures supérieures<br />
à 3500°C. Pour en construire un, il suffit de savoir<br />
fabriquer des miroirs. Or, on en a régulièrement retrouvé<br />
dans les sépultures. Et le calcaire entre en fusion à 840°C<br />
seulement. Ce sont bien des pierres moulées. Fondues et<br />
moulées. Ces hommes ne se sont pas inutilement épuisés à<br />
transporter ces pierres monumentales. Ils ont tout<br />
simplement transporté des sacs de poudre calcaire jusqu’au<br />
four solaire et les ont fondus puis moulés directement sur<br />
place, un peu comme nous le faisons avec une<br />
bétonnière…<br />
– Enfin, Cyril, on ne peut pas faire fondre une roche…<br />
Objecta doucement Dominique.<br />
– Ah, c’est nouveau, ça ! Et le magma, c’est quoi, à<br />
votre avis ? De la roche fondue ! Ils n’étaient pas plus bêtes<br />
que nous, nos anciens… Il n’y a aucune raison qu’ils<br />
n’aient pas compris ce phénomène naturel. J’en veux pour<br />
preuve qu’une étude paléomagnétique des deux grandes<br />
pyramides d’Egypte a été récemment menée. Elle est basée<br />
sur l’hypothèse que si les blocs ont été fabriqués in situ par<br />
agglomération leurs moments magnétiques auraient été<br />
tous parallèles, orientés à peu près dans la direction nordsud.<br />
Toutefois, si les pyramides ont été construites à partir<br />
de blocs naturels, extraits et transportés depuis les carrières<br />
voisines, ayant subi une rotation aléatoire au cours du<br />
transport et de la construction, alors les directions de leurs<br />
moments magnétiques seraient orientées au hasard.<br />
L’étude conclut que les paléodirections des trois<br />
échantillons présentent l’orientation commune nord-sud,<br />
ce qui permet de penser qu’ils ont été effectivement<br />
produits in situ.<br />
– Je veux bien, Cyril, mais si le revêtement des <br />
pyramides est effectivement en calcaire, si on le soumet à<br />
une décharge électromagnétique, elles tombent en<br />
poussière. Remarqua Alexis.<br />
– Le docteur Philip Callahan a mesuré le calcaire qui<br />
couvre la grande pyramide. Il est diamagnétique. Le granit<br />
rose utilisé à l’intérieur du bâtiment est en revanche l’une<br />
des substances les plus paramagnétiques qui existent. C’est<br />
un sarcophage efficace contre le magnétisme et qui permet<br />
de protéger les matériaux du monument. Il n’est d’ailleurs<br />
pas exclu que des grains de silice aient été volontairement<br />
ou accidentellement mélangés en quantité infinitésimale<br />
au calcaire en fusion, l’émaillant de petits morceaux de<br />
verre qui est un bon isolant si je ne m’abuse.<br />
– Vous avez raison, mais je ne vois pas de traces de<br />
verre autour de nous. Un four d’une puissance telle qu’il<br />
permet la fusion du calcaire aurait transformé le sable qui<br />
l’entourait en verre et nous en aurions des traces visibles !<br />
– Et le verre lybique ! Il y en a 6500 km carrés… Que<br />
vous faut-il de plus ?<br />
– Le désert lybique… Ce n’est pas à côté ! Ça ne plaide<br />
pas en faveur de la fusion et du moulage in situ…<br />
– Je vous le répète : ne les prenez pas pour des idiots,<br />
ces Egyptiens ! Ce verre lybique n’est pour moi que la<br />
preuve qu’ils ont testé leur méthode et leur matériel avant<br />
de passer aux choses sérieuses. On n’a pas construit la<br />
première bétonnière sur le chantier de l’Empire State<br />
Building, nous !<br />
– Alors pourquoi n’y a-t-il pas de verre autour des<br />
pyramides ?<br />
– Parce que le four n’était pas au sol, tout simplement.<br />
Puisqu’il est communément admis qu’ils maîtrisaient l’art<br />
des échafaudages… Je ne vois pas ce qu’il y a d’impossible <br />
à cela…<br />
– CQFD ! Conclut Dominique en lui donnant une<br />
grande bourrade dans l’épaule...."